top of page

"Sud Presse" du 13/11/2009

 

L'Association “ Entraide des travailleurs turcs d'Hensies”


   Bien que les charbonnages hensitois soient fermés, la communauté turque reste présente :
Tandis que les fosses du Borinage attiraient surtout des Italiens, les deux charbonnages hensitois allaient principalement amener un important contingent turc. Des travailleurs qui quittaient, pour la plupart, les mines des bords de la Mer Noire pour mieux gagner leur vie à Louis Lambert ou aux Sartis. .

 

   Très vite, les pionniers fondent la bien-nommée “ Association Entraide des Travailleurs Turcs ” (06 avril 1978). Aujourd’hui, celle-ci est présidée par le fils d’un mineur d’alors. Il s’appelle Elmas Yüksel et il est aussi conseiller communal au sein de la majorité. “ Nous comptons plus ou moins 200 membres ” nous confie-t-il “ et notre local est ouvert à tous. On peut y discuter, boire un thé, regarder les programmes des TV turques. Le soir des matches de foot, il est souvent plein. Surtout quand Galatasaray rencontre Fenerbahçe. Une rivalité plus forte encore qu’entre le Standard et Anderlecht. Même si la plupart d’entre-nous a la nationalité belge, nous voulons également entretenir des liens étroits avec la patrie de nos parents ”.

 

   D’où l’existence d’une chorale d’enfants perpétuant le folklore du Bosphore. Mais aussi un cours de turc pour les enfants, en parallèle aux cours de français pour les adultes. Notre interlocuteur poursuit: “ Nous assurons aussi la gestion de la mosquée, nous sommes un relais du consulat et de l’ambassade, nous organisons des voyages culturels et nous mettons sur pied notre fameuse fête nationale des enfants, qui tombe le 23 avril ”.

 

   La majorité des membres de l’Entraide est donc belge. Et donc citoyens de l’Union Européenne.

"Sud Presse" du 10/10/2001 

 

   Nous poursuivons notre enquête à Hensies, entité cosmopolite, caractérisée par une forte présence musulmane.


   Nous poussons la porte de l'asbl «Entraide des travailleurs turcs». Un local tout simple, une cafetière sur le réchaud et un thé brûlant devant vous, sitôt assise sur la banquette de moleskine. Des hommes (essentiellement) y entrent comme chez eux, consulte les journaux empilés sur la table. Le soir, ils regardent ensemble la télé: matchs de foot ou actualités. Des nouvelles qui font la consternation de tous. «Musulmans ou chrétiens, c'est pour la mort de tous ces innocents que nous avons prié ensemble hier» nous précise le tenancier.

 

  On l'aura compris, l'asbl sert de trait d'union. «On y organise des cours d'informatique, de musique traditionnelle pour les jeunes et surtout, des leçons de français» précise Yuksel Elmas, le président de l'asbl. Depuis 3 ans, les femmes y assistent avec succès; elle apprennent ensuite les subtilités du français à leurs enfants.

 

  Un facteur déterminant en faveur de l'intégration qui, on ne le dira jamais assez, passe par la communication et la parole.

"Sud Presse" du 20/08/1999

 

HENSIES ET QUAREGNON En marge du séisme Turc Les bourgmestres s'impliquent


  En marge du terrible séisme qui a secoué leur pays, les Turcs d'Hensies et de Quaregnon se déclaraient prêt à orchestrer des collectes de vivres, de vêtements et d'argent pour venir en aide aux sinistrés (nos éditions d'hier). Se posait la question du relais entre le niveau local et celui, national, d'une telle organisation.


  Nous n'avions pu joindre, mercredi le bourgmestre de Quaregnon. André Col ne s'est pas croisé les bras pour autant. «Vous savez, Quaregnon est la commune du coeur. Nous avons l'habitude de répondre à toutes les sollicitations et je suis le premier à savoir que mon entité compte plus de 1000 Turcs, parfois touchés de plein fouet par ce drame».

 

  Concrètement, le bourgmestre a contacté son CPAS demandant qu'un local de stockage du produit des collectes soit mis à disposition. «N'ayant pas été moi-même contacté par les responsables des associations, j'ai pris les devants en m'adressant à un interlocuteur. Car il faut savoir qu'il existe plusieurs tendances au sein de la communauté turque à Quaregnon. J'espère que les différents porte-parole pourront s'entendre pour venir me parler comme un seul homme. Ma porte leur est ouverte».


   Du côté d'Hensies, le bourgmestre Jean-Marie Cheval a soulevé hier la question lors du Collège. «Nous sommes prêts à recevoir les responsables des associations pour discuter de la mise en place d'une infrastructure éventuelle, ma secrétaire est avertie. Par ailleurs, j'ai contacté Mme Finet, la présidente de la Croix-Rouge d'Hensies qui m'a précisé que c'était surtout d'argent dont on avait besoin. Les dons peuvent être versés au numéro suivant: SOS TURQUIE 00000000-25-25. Pour des informations concernant les parents turcs dont on est sans nouvelles, on peut former un numéro d'appel de crise:02/501.400 . Enfin, pour des renseignements généraux, on peut joindre Marie-Lise Robert à la Croix-Rouge nationale, au 02/645.4600.

Histoire d'Hensies et de sa communauté turque

 

Hensies, au sol très marécageux, était à l'époque romaine un carrefour routier. De la chaussée menant de Bavay en Flandre, par Audregnies et Ellignies, s'y détachait une voie transversale Hensies-Quarouble la joignant à la chaussée Bavay-Boulogne. On y a retrouvé la maçonnerie de cette voie, ainsi que les vestiges d'une agglomération du temps, au lieu-dit la Malmaison.

 

Le village dépendit de la seigneurie de Quiévrain, son histoire se confondant avec celle de cette localité, qui eut notamment pour seigneurs les Croy. En 1142, le pape Innocent II confirma l'abbaye de Crespin dans ses possessions à Hensies : une chapelle, des terres arables, des près, des bois. Ce monastère disposait encore de greniers à semences entre les villages de Crespin et d'Hensies, au lieu dit le Séminaire. Il percevait outre la dîme, en partage avec l'abbaye de Saint-Ghislain, tandis que le chapitre métropolitain de Cambrai était collateur de la cure.

 

Mises en activité au lendemain de la première guerre mondiale, les houillères d'Hensies-Pommeroeul, fournissant un produit de qualité, étaient raccordées pour le trafic ferroviaire à la gare de Bernissart. Le siège des Sartis fut le dernier charbonnage en exploitation dans le bassin borain : quand il ferma ses portes, le 31 mars 1976, l'extraction du précieux combustible, qui avit fait la renommée du Borinage pendant de longs siècles, appartint au passé.

 

Une forte colonie turque, fournissant aux mines une abondante main-d'oeuvre, s'est étbalbie à Hensies, cité cosmopolite : en 1970, on y recensait 464 des 761 des deux sexes dénombrés dans l'arrondissement de Mons; ils constituaient plus du tiers des 1.481 étrangers (sur 3.086 habitants) domiciliés dans la commune (autre nationalité bien représentée, sans que cela fût spécifique, dans la région, à Hensies : 610 Italiens). D'un point de vue socio-profesionnel, à la même époque, 311 personnes, sur un total de 882 actifs, y étaient encore, en raison du maintien de l'extraction charbonnière, occupées dans le secteur énergétique.

"Sud Presse" du 16/04/1999

 

Plus de 35 ans de présence turque

 

   Hensies, la cosmopolite, les charbonnages "Les Sartis" (fermeture le 31 mars 1976) et "Louis Lambert" (fermeture le 9 septembre 1966) ont avalé goulûment de la main d'oeuvre par décennies. Y compris les Turcs, ces immigrés de la dernière vague, courtisés eux aussi par les charbonnages hensitois. Beaucoup ont décidé de s'implanter définitivement dans la vallée de la Haine. Et ce n'est pas un hasard si Hensies la cosmopolite accueille aujourd'hui quelque 24 nationalités différentes.


  C'est en 1963 que les derniers Turcs sont arrivés à Hensies. Au départ, ce sont des hommes seuls, qui économisent patiemment leur salaire avant de l'envoyer à la famille restée au pays. Ils logent dans des chambrettes, à l'Hôtel du Charbonnage, par exemple, ou à l'ancien couvent de Pommeroeul.


   Progressivement, femmes et enfants les rejoignent. Bon nombre de cellules ainsi reconstituées s'installent dans des cités d'habitations sociales construites tout expressément par le Foyer Hensitois.


   La fermeture des charbonnages adviendra en 1976. Environ 30% des Turcs rentreront au pays. Les autres s'implanteront définitivement dans la région. Parce qu'ils ont une brique dans le ventre, ils rachètent bon nombre de maisons locales, parfois en piteux état. Avec l'aide des frères, des cousins et des amis, ils les restaurent impeccablement.


   Les années passent, l'implication dans la société belge se fait de plus en plus étroite, mais la culture d'origine subsiste. «Nous sommes plus des adaptés que des intégrés , soulignait un jeune père de famille rencontré au local de l'Association d'Entraide et de Culture des Ouvriers Turcs pour Hensies. C'est-à-dire que beaucoup d'entre nous perpétuent attentivement les coutumes traditionnelles (cuisine, prière, solidarité entre les générations, rôles respectifs de l'homme et de la femme,...). Parce que c'est une question d'identité. Mais paradoxalement, nous nous sentons souvent en décalage avec la Turquie qui continue d'évoluer.

 

   Là-bas, on nous appelle les Belges ou les Allemands. Nous sommes des étrangers. Notre véritable «chez nous» est maintenant en Belgique, ça c'est sûr». Aujourd'hui, la commune d'Hensies compte 953 personnes non naturalisées sur 6681 habitants dont 328 Italiens et 299 Turcs pour ne citer que les nationalités les plus représentées. La proportion de citoyens d'origine étrangère, devenus Belges depuis, augmente encore cette pluriculturalité.


   Nous avons voulu savoir comment la présence turque était vécue de l'extérieur, par la population belge. «Tout se passe très bien , affirme d'emblée André Cambier, brigadier principal à Hensies. Ici, nous sommes habitués à côtoyer d'autres cultures. C'était déjà le cas lorsque j'étais tout gamin. Avant, la cité des Acacias était un camp de prisonniers allemands qui travaillaient au charbonnage. Certains sont restés.

 

   Ensuite, on a reconstruit des maisons et bon nombre de Turcs s'y sont installés. Encore après, une grosse partie d'entre eux sont partis à Péruwelz et à Wiers. Enfin, beaucoup sont revenus sur Hensies. Lorsque les Sartis ont fermé en 76, des services de navettes ont été instaurés entre notre entité et les sites carolorégiens. Bon nombre ont ainsi fait quotidiennement la route entre le Roton à Farciennes et Hensies».


   Aujourd'hui, la mosquée turque installée à la rue de Chièvres fait partie des meubles. De même que le local de l'Association d'Entraide de la rue de Villers. «Par ailleurs, les Turcs ont racheté de nombreuses maisons à Hensies qu'ils ont rénovées en famille. Ils ont vraiment une brique dans le ventre! Il faut dire qu'il ont aussi plus de facilités en passant auprès de la Zakat, une banque musulmane auprès de laquelle ils cotisent mais qui prête à des taux d'intérêts proches de 0%, ce qui permet de mettre singulièrement plus d'argent sur la table lors des transactions».


   A noter que les villages de Hainin, Thulin et Montroeul-sur-Haine se sont tout même montrés plus réticents. «Au départ, ces localités ne voulaient pas d'étrangers. Mais les rapports se sont adoucis au fil des ans puisqu'il n'y a jamais eu réellement de problèmes». «Je n'ai jamais fait la distinction entre les nationalités lorsque je travaillais au fond , commente encore Raymond Baudouin, 66 ans, ancien mineur, de passage dans les bureaux de police. Chez les Turcs comme chez les Polonais ou les Italiens, il y en a qui sont sympathiques et d'autres pas. C'est plus une question de personnalité que de culture».

 

   Une culture dont M. Baudouin apprécie d'ailleurs le raffinement et le sens de l'accueil. «Le première fois que je suis allé chez un ami turc, j'ai été frappé par la propreté et la beauté de sa maison. On m'a mis de l'extrait de parfum sur les mains. Et puis, un bon petit verre de Raki, c'est quelque chose!».

bottom of page